Toi, la louve!
Dans le sprint des montées
Dans la course de fond de la course du fond
Dans la valse flamboyante des contre-allées
Dans la danse haletante des bois
Toi, la Louve, j'ai deviné ta course parfois
Dans la ritournelle des printemps
Dans l'infatigable berceuse des rêves évanescents
Dans la symphonie polyphonique des cicatrices assouplies
Dans la cantate des enterrements de connivence
Toi, la Louve, j'ai entendu ton appel quelquefois
Dans la fausse apparence des évidences
Dans les dessous du souterrain
Dans les lumineux passages secrets
Dans la sauvage liberté
Moi, la Louve, j'ai reconnu mon ombre enfin
Un grand vent se lève sur une tempête d'eau douce
Où puisera-t-il l'air pour gonfler sa voilure?
D'où fleuriront les pansements pour cicatriser ses morsures?
Déjà il imagine une carte nouvelle
Dessine ses points cardinaux
Fredonne d'une voix claire
Malgré le tumulte des bourrasques discordantes
La traversée est un chemin dont le tracé est un mystère
Un grand vent se lève sur une tempête d'eau douce
Tantôt bercée par l'écoulement naturel du fleuve
Tantôt nageant ardemment contre le courant
Pourtant sans plus de force ni de résistance
Que ces poissons qui
Tels des marées montantes
Remontent les eaux pour aller déposer leurs oeufs
Aux sources de la source de l'indicible
Un grand vent se lève sur une tempête d'eau douce
Derrière l'océan qui
Après s'être re-tracté conquiert toujours à nouveau
Quoi d'autre que la régularité du pendule
Dont le ressac se rassasie des forces de l'attraction
Et dont l'écho est le murmure du mouvement perpétuel
Un grand vent se lève sur une tempête d'eau douce
Comment poursuivre une histoire
Dont on ne connait pas le début
Approcher les ancêtres
Imaginer leurs rêves
Et deviner leurs doutes
Puis les laisser reposer en paix
Un grand vent se lève sur une tempête d'eau douce
D'un legs épars d'identités multiples
Laisser surgir la sienne
Accepter qu'elle résonne
Dans le silence des âges
Tantôt millénaire chorale
Tantôt soliste du temps présent
Un grand vent se lève sur une tempête d'eau douce
Tout ce qui se délie nous relie
Le noeud, le lien, le deuil, le verbe
Un pas après l'autre
Une rencontre puis une autre
Des maillons qui s'enchaînent
En une chaîne de vie
Un grand vent se lève sur une tempête d'eau douce
Il souffle ce que dure l'échappée vers la haute mer
Celle-là même où le vent tombe et où l'eau douce se mue
En océan de profondeur
Ah ces sombres tracas
Alimentent une sourde terreur
Comme cela est ardu
De retrouver le goût de l'audace
De se mouvoir avec hardiesse
Se sentir battre le ravissement
Oubliés les ravissements
Si pesants sont les tracas
Engourdie cette hardiesse
En toi loge une terreur
Qui paralyse ton audace
Te voilà sur un chemin ardu
Mais fonce sur ce chemin ardu
Guette les ravissements
Prends le pouls de ton audace
Mastique les tracas
Tiens tête à la terreur
Ose un pas, avec hardiesse
Entretenir l'étincelle de la hardiesse
C'est cela le plus ardu
Comprendre que la terreur
N'est qu'une face cachée du ravissement
Entrevoir dans les tracas
De quoi nourrir la flamme de l'audace
Brandir comme un étendard cette audace
Afficher les couleurs de la hardiesse
Accepter les tracas
Comme composante du chemin ardu
Voilà le secret du ravissement
Quel pied de nez à la terreur
Passée cette terreur
Inépuisable est l'audace
Du sommet du ravissement
On ne voit plus que la hardiesse
Et sur le chemin ardu
Quelques pièges en forme de tracas
Voilà donc l'ardeur
Enjamber la terreur avec une légère hardiesse
Et parcourir le chemin ardu des tracas avec l'insolence de l'audace et la certitude du ravissement
Agnès Benssussan 👉 S'inscrire
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