Des pieds carrés, des mains potelées,
Des seins
comme des pommes,
Des rondes
cuisses, des ronds de jambes,
Des croches
pieds qui me font dégringoler l'escalier,
Rouler, bouler
en bas de l'échelle sociale.
Des lèvres
bien dessinées,
De la douleur
d'enfance !
A l'état des
lieux de la quarantaine,
Je peux enfin
dessiner mon corps,
Et tracer des
lignes dans le sillon de ma vie.
Et c'est
risible oui!
Au même moment
des rides se creusent sur mon visage...
Il paraît que
je ne suis pas belle; je n'ai pas un corps de gazelle.
Oui ! Ça
c'est certain.
Ni même celui
d'un faon,
Et encore
moins celui d'un éléphant.
J'ai un corps
de grosse Mamou.
Un corps
de ptite , qui doit porter des talons.
Un corps pas
élancé et qui ne regarde pas les gens de haut.
Je voudrais
rien qu'une fois pour voir,
Grandir,
grandir, mincir et m'envoler comme une
girafe.
Pour jauger
les gens d'en haut, pour marcher sur les nuages.
Pour planer un
peu dans les hautes sphères du luxe et de
la volupté.
Je n'ai plus
un corps qui danse.
Qui danse le
tango mélancolique,
Qui
s'abandonne et qui pleure...
Je voudrais
encore oui m'alanguir,
M’évanouir,
m'émouvoir ou frétiller de joie au son de la salsa.
Un corps qui
transpire dans les salles de sports?
Non, non,
non ! Je cherche mon corps poétique.
Je l'ai perdu.
L’avez vous
croisé?
Ce que je
souhaite à mon corps ?
C'est de
trouver ou retrouver la souplesse du chat.
Je suis une
fille ça c'est certain !
Une fille qui
saigne encore. Que dis je?
Une femme, qui
a exploré ce miracle.
Un corps dans
la maternité,
Avec le lait
de la tendresse,
Reléguant très
loin la question de la beauté aux magazines de papiers glacés.
Seuls, mes
enfants resteront les fleurs de demain.
La beauté du
jour qui s'enfuit, la beauté du jour qui étonne...
Mais l'amant
revient lancinant, me murmurer à l'oreille:
Et moi? Et moi
dont ta beauté ne tenait qu'à un fil, qu'as tu fais de moi?
Archéologie du
verbe aimer. Mes petits amours, ma
lili, ma Léna -louna, tes enfants chéries ...
Tu n'as que
ces mots là, à la bouche, dit l'amant.
Et ton corps, n'a
t-il pas envie de vivre avec moi, encore d'autres voyages?
Mon corps est
beau, oui je te le jure !
Il veut encore
jouer, virevolter dans les effluves de l'inconscient dangereux
Et remonter à
la surface pour se sentir être.
Il s’essouffle,
oui ! Mon amour, mais il lui arrive encore d'y croire quelques secondes
Secondes d’éternité.
Nora Rey
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire